La chirurgie du cancer du foie fait partie, avec notamment la chimioembolisation, l'immunothérapie, la radiothérapie et la radioembolisation, des traitements du cancer du foie. Lorsqu’elle est possible, la chirurgie reste néanmoins le traitement privilégié.
Chirurgie du cancer du foie : indications et contre-indications
Lorsqu'elle est envisageable, la chirurgie du cancer hépatique est très intéressante puisque le foie est le seul organe de l'organisme capable de se régénérer. Ainsi, en quelques semaines, les cellules hépatiques se seront multipliées afin de remplacer le tissu qui a été retiré.
Indications
La chirurgie n'est :
- proposée qu'aux patients chez qui le foie fonctionne normalement ou presque.
- utile qu'en cas de cancer du foie de stade I c'est à dire localisé et peu étendu ; toutefois, il faut être sûr que le volume de foie sain restant soit suffisant pour permettre une fonction normale.
Bon à savoir : pour pouvoir envisager cette intervention, les patients doivent cesser toute consommation d'alcool et de tabac quelques semaines plus tôt ; ceci réduisant considérablement les risques de complications postopératoires.
Contre-indications
Ne pourront pas bénéficier de ce type de chirurgie les patients souffrant de :
- cirrhose (ou d'insuffisance hépatocellulaire avancée), car il n'est pas certain que le fonctionnement de leur foie sera suffisant suite à l'intervention ;
- hypertension portale importante (pression sanguine trop élevée au niveau de la veine porte qui amène le sang provenant des organes digestif jusqu'au foie) pouvant entraîner des complications.
Chirurgie du cancer du foie : préparer l'intervention
De nombreux travaux ont démontré les bienfaits de la préparation des patients avant une intervention chirurgicale lourde pour un cancer abdominal. En mettant en place une prise en charge psychologique, une intervention nutritionnelle et surtout des exercices physiques, on améliore les capacités fonctionnelles du patient, sa qualité de vie et on réduit les risques de complications.
Une méta-analyse indique que l'association d’exercices en aérobie (marche, vélo) à intensité modérée et de renforcement musculaire (et dans l'idéal un entraînement des muscles inspiratoires) est très bénéfique. Les recommandations sont de 2 à 3 séances de 30 à 60 minutes par semaine dans l'idéal 6 à 8 semaines avant l'intervention mais on obtient des bénéfices dès le premier mois.
Les exercices ont lieu à la maison ou sous supervision, à la convenance du patient. Dans le premier cas, il est recommandé de maintenir des contacts téléphoniques avec le patient pour s’assurer de sa bonne adhésion au programme, maintenir sa motivation ou encore ajuster le programme.
Source :Jin S. et coll. : Preoperative physical exercise strategies for patients undergoing major abdominal cancer surgery: a scoping review. Supportive Care in Cancer (2021) 29:7057–7071.
Comment se déroule l'opération chirurgicale ?
La chirurgie du cancer du foie est une opération qui consiste à retirer la partie cancéreuse du foie. Pour augmenter les chances d'ôter la totalité des cellules cancéreuses, on enlève également une marge de tissu sain autour de la tumeur.
2 approches possibles
Il existe 2 approches possibles pour la chirurgie du cancer du foie :
- L'opération proprement dite nécessite d'ouvrir la paroi abdominale (laparotomie), le chirurgien pratiquant une incision horizontale sous les côtes du côté droit. Elle est donc réalisée sous anesthésie générale.
- Toutefois, il est parfois possible de réaliser cette intervention sous cœlioscopie (laparoscopie) et donc sans laparotomie. Dans ce cas :
- On procède à plusieurs petites incisions dans lesquelles le chirurgien va glisser ses instruments chirurgicaux et un système optique.
- La mini-caméra transmet les images sur un écran de façon à guider le chirurgien qui opère sans ouvrir l'abdomen.
Déroulement de l'opération
La chirurgien va tout d'abord repérer la tumeur, généralement en s'aidant d'une échographie pré-opératoire. Dans ce cas, la sonde d'échographie est directement posée sur le foie, ce qui permet de localiser de façon très précise la position de la tumeur. Grâce à cet outil, le chirurgien :
- détermine la partie du foie à retirer ;
- vérifie qu'il n'y a pas d'autres nodules qui n'auraient pas été détectés au cours des examens pré-opératoires.
Parties du foie retirées
La quantité de foie à retirer dépend des caractéristiques de la tumeur :
- sa taille ;
- sa localisation ;
- le nombre de nodules.
À partir de ces éléments, plusieurs cas de figure pourront se rencontrer :
- Si le cancer est très localisé, on retire uniquement la tumeur et une marge de tissu sain d'1 ou 2 centimètres tout autour (tumorectomie).
- Si le cancer est plus étendu, l'incision pratiquée va suivre les contours des segments anatomiques du foie.
Selon l'acte réalisé, on désignera par différentes appellations cette opération :
- Si l'on retire 1 seul segment du foie, il s'agit d'une segmentectomie.
- Si l'on en retire 2, il s'agit d'une bisegmentectomie.
- Si l'on retire un lobe hépatique complet, on parle de lobectomie (droite ou gauche).
À noter : l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne a mis au point des sondes permettant de détecter les cellules cancéreuses lors de l'ablation d'une tumeur. En se liant aux cellules tumorales, une substance spéciale va être repérée par la sonde qui va émettre des signaux sonores comme le ferait un compteur Geiger ; cela permet au chirurgien d'avoir un geste plus précis et ainsi de sauvegarder les tissus sains.
Fin de l'opération
Une fois la tumeur retirée, avant de refermer l'abdomen, le chirurgien met en place une sonde gastrique, une sonde urinaire et des drains :
- La sonde naso-gastrique est un tuyau qui passe par le nez et va jusqu'à l'estomac :
- Elle sert à évacuer les sécrétions gastriques pour éviter les vomissements.
- Cette sonde est rapidement retirée, dès le réveil ou au plus tard le lendemain de l'opération.
- La sonde urinaire mesure la quantité des urines pour évaluer le fonctionnement des reins. Elle est retirée quelques jours après l'opération.
- Des drains sont également disposés à travers la peau du ventre :
- Ces petits tuyaux permettent d'évacuer le sang, la lymphe et la bile qui pourraient s'accumuler dans l'abdomen.
- Eux aussi sont enlevés quelques jours après l'intervention.
Toutefois, le fin drain placé dans le canal biliaire est maintenu un peu plus longtemps que les autres :
- Il permet de s'assurer que le foie recommence à produire de la bile.
- Au bout de quelques jours, il est bouché et enroulé sous un pansement étanche.
- Il sera définitivement retiré 1 ou 2 mois plus tard.
Chirurgie du cancer du foie : phase post-opératoire
L'ablation partielle du foie nécessite entre 5 et 10 jours d'hospitalisation.
En soins intensifs
Le principal risque suite à la chirurgie du cancer du foie est celui lié à la cirrhose :
- Le risque d'insuffisance hépatocellulaire est maximal dans la semaine qui suit l'intervention.
- C'est la raison pour laquelle, dans un premier temps, les patients restent dans une unité de soins intensifs.
- Ils sont étroitement surveillés et de nombreux examens ont lieu pour suivre l'évolution de l'état de santé et s'assurer que le foie fonctionne correctement.
Par la suite
Lorsqu'ils sortent de l'unité de soins intensifs, les patients doivent rester hospitalisés quelques jours supplémentaires. Le personnel hospitalier s'assurera que le patient se rétablit correctement et que le foie retrouve progressivement un fonctionnement normal. Dès que le foie fonctionne normalement, les patients doivent :
- prendre un traitement anticoagulant ;
- porter des bas de contention pour éviter une phlébite.
Ainsi, la durée d'hospitalisation varie en fonction :
- de l'opération réalisée (importance de la tumeur et de la quantité de foie retirée) ;
- de la voie choisie pour opérer (en cas de laparotomie l'hospitalisation dure une dizaine de jours, mais moins en cas de laparoscopie) ;
- de la survenue de complications ;
- de l'état de santé général du patient.
Bon à savoir : au cours des semaines qui suivent l'ablation, le volume du foie va augmenter. Toutefois, il ne retrouvera pas sa taille initiale.
Complications possibles
Après une chirurgie de cancer du foie, diverses complications peuvent apparaître, y compris plusieurs semaines plus tard. Certaines sont spécifiques à cette opération :
- fuite de bile dans l'abdomen ou création d'une fistule biliaire (canal anormal qui se développe entre l'abdomen et le canal biliaire de sorte que la bile s'écoule dans le ventre entraînant des douleurs et de la fièvre) ;
- insuffisance hépatique si le foie ne parvient pas à re-fonctionner normalement (ou si une cirrhose s'aggrave) avec tous les symptômes que cela suppose :
De plus, d'autres complications communes à toute intervention chirurgicale peuvent se développer :
- risque d'infection au niveau de la plaie ;
- hémorragie ;
- douleurs au niveau de la zone opérée (traitées par de la morphine) ;
- douleurs au niveau de la cicatrice.
Aussi dans la rubrique :
Traiter et prévenir le cancer du foie
Sommaire
- Différents traitements possibles
- Vivre avec la maladie
- Prévenir le cancer du foie