L'immunothérapie du cancer du foie est une thérapie ciblée qui se base sur un procédé chimique, via un médicament. Elle constitue un traitement intéressant notamment lorsque la chirurgie, la radiothérapie ou la radioembolisation ne sont pas envisageables.
Principe de l'immunothérapie du cancer du foie
Pour le moment, le seul médicament de thérapie ciblée utilisé pour lutter contre le cancer du foie est le sorafénib (médicament Nevaxar®). Le sorafénib s'emploie également dans le cadre des carcinomes rénaux avancés (un type de cancer du rein) et des carcinomes vésiculaires de la thyroïde lorsque le cancer a métastasé ou qu'il ne répond pas au traitement à l'iode radioactif. Cette molécule bloque la protéine kinase (des enzymes présentes à la surface des cellules cancéreuses) ce qui :
- ralentit le développement des cellules tumorales ;
- empêche le développement des vaisseaux sanguins qui vascularisent la tumeur (un peu comme avec la chimioembolisation).
Une autre molécule est actuellement à l'étude dans le cadre du cancer hépatique : le nivolumab (médicament Opdivo®) qui est déjà utilisé contre les mélanomes et les cancers avancés du rein et du poumon.
Article
Pour quelles indications ?
L'immunothérapie est le traitement du cancer du foie (carcinome hépatocellulaire) indiqué en cas de :
- cancer du foie qui ne peut pas être traité par la chirurgie, la radiothérapie ou la radioembolisation ;
- tumeur récidivante ;
- l'échec des autres traitements.
L'autre intérêt de cette méthode de traitement est d'agir dans l’ensemble du corps :
- Cela permet donc d’atteindre les cellules cancéreuses où qu'elles se trouvent dans l'organisme.
- Toutefois, les thérapies ciblées ne sont efficaces que dans les premiers temps. Les tumeurs reprennent ensuite le dessus.
Cependant, les recherches continuent car si l'on parvient à trouver une thérapie efficace, notamment contre les métastases du foie, on pourrait diminuer la grande mortalité qui y est liée.
Immunothérapie du cancer hépatique en pratique
Le sorafénib se présente sous forme de deux comprimés de 200 mg qui doivent être :
- avalés 2 fois par jour sans aliment ou avec un repas à faible teneur en graisses ;
- pris à heure fixe.
La durée du traitement tient compte :
- des caractéristiques du cancer du foie ;
- de la tolérance au traitement ;
- du patient (il faut s'assurer qu'il n'y a pas de risques de complications et qu'il ne présente pas d'hypertension artérielle ou de varices œsophagiennes).
D'une façon générale, le traitement doit être poursuivi aussi longtemps que le rapport effet bénéfique/effets secondaires est favorable pour le patient.
Quels résultats ?
Sorafénib
Les études qui ont été menées avec le sorafénib montrent que :
- Les patients traités survivent plus longtemps ou vivent plus longtemps sans aggravation de la maladie (5,5 mois) que les patients prenant un placebo (3 mois).
- La survie moyenne des patients traités pour leur carcinome hépatocellulaire est de 10,7 mois tandis que les patients prenant un placebo sont à 7,9 mois.
- Cela reste faible : seuls 2 % des patients présentant des cancers hépatiques de stade avancé et traités par sorafénib ont vu la taille de leur tumeur diminuer de plus de 30 %. Mais il n'existe pas d’autres options thérapeutiques pour les formes avancées de cancer du foie.
Nivolumab
Des études ont été menées avec le nivolumab chez des patients présentant des cancers du foie de stade avancé (mais dont la fonction hépatique était relativement préservée) ; sachant que 3/4 de ces patients avaient déjà été traités par sorafénib. Des injections intraveineuses de nivolumab ont alors eu lieu toutes les 2 semaines pendant une durée maximale de 2 ans. Les résultats ont conclu à :
- un blocage du développement de la tumeur chez 50 % des patients (avec pour un cas une stabilisation au-delà de 17 mois) ;
- 19 % de rétrécissements de plus de 30 % de la tumeur (8 patients sur 42) ;
- 4 % de disparition complète de la tumeur (2 patients sur 42).
Chez ces 10 patients (ceux concernés par le rétrécissement de la tumeur et la disparition complète), les réponses ont été durables (pendant plus d'1 an pour 5 d'entre eux), la plupart des patients ayant continué leur traitement par la suite. Au vu de ces éléments, ces résultats sont jugés encourageants et les spécialistes estiment que, même si des études de plus grande envergure doivent être menées, cela témoigne du rôle important que peut jouer l'immunothérapie dans le traitement du cancer du foie.
Immunothérapie du cancer du foie : effets secondaires
L'immunothérapie n'est pas dénuée, comme les autres traitements, d'effets secondaires.
Effets secondaires du sorafénib
Les effets secondaires les plus couramment observés avec le sorafénib sont :
- des diarrhées ;
- des réactions cutanées ;
- une perte des cheveux ;
- des infections de type syndrome pieds-mains (éruption cutanée et douleurs au niveau des paumes des mains et des plantes des pieds) ;
- une grande fatigue ;
- une hypertension ;
- des infarctus du myocarde (crises cardiaques) ;
- une perforation gastro-intestinale ;
- une hépatite médicamenteuse ;
- une hémorragie.
Malgré tout, au niveau européen, le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) a estimé que les bénéfices de ce traitement étaient supérieurs aux risques. Ainsi, ce traitement a obtenu une autorisation de mise sur le marché depuis juillet 2006.
Effets secondaires du nivolumab
En ce qui concerne le nivolumab, il entraîne des effets secondaires indésirables chez 70 % des personnes traitées. Les plus fréquents sont :
- des éruptions cutanées ;
- une augmentation du taux des enzymes hépatiques ;
- une augmentation de la lipase et de l’amylase (enzymes digestives sécrétées par le pancréas).
Aussi dans la rubrique :
Traiter et prévenir le cancer du foie
Sommaire
- Différents traitements possibles
- Vivre avec la maladie
- Prévenir le cancer du foie